Aurait-on pu imaginer il y a quelques années qu’on pourrait aller encore plus loin que la robe verte de J-Lo ou la tenue de Christina Aguilera dans le clip de Dirrty ? C’est dans une atmosphère de course effrénée à l’effeuillage, épreuve reine de la culture pop, remportée en ce moment par Bianca Censori, la femme de Ye, mixée à la body positivity chère à l’époque, sans compter sur le besoin narcissique de montrer à tout prix son corps, sculpté à la salle ou à l’aide d’injections d’Ozempic ; c’est dans cette atmosphère donc qu’Anthony Vaccarello nous propose chez la femme une collection toute en affirmation de soi(e). Chaque tenue, ou presque, est faite dans la même matière que celle utilisée pour les collants transparents qui moulaient les cuisses des modèles du catalogue La Redoute sur lesquels les plus anciens de nos lecteurs se branlaient à l’adolescence. Blouses à lavallière, jupes fourreau, robes drapées, pochettes géantes en fausse fourrure déclinées dans une palette de couleurs que Pierre Loti a dû croiser dans le désert du Sinaï : taupe, caramel, olive, ocre, chocolat, noir… Seul problème, comment commercialiser tout cet éphémère déchirable qui ne tiendra même pas toute la nuit ? On s’en fout, ce n’est pas fait pour être porté ! Chez l’homme, c’est une véritable déclaration d’amour à Yves Saint Laurent, le vrai. Les mannequins sont carrément déguisés en Yves pour l’occasion, avec les lunettes et tout. Au menu : costumes doux et mous, fluides, amples, années 80 avec épaules marquées pour en supporter toute la radicalité. Le costard flou – terme utilisé en mode pour exprimer la fluidité d’un vêtement –, porté par Patrick Bateman, il fallait y penser. Bravo et merci !