Nouvelle rubrique dans laquelle une de nos playmates nous en apprend un petit peu sur quelque chose qui compte beaucoup pour elle. Pour cette troisième, c’est Evelyn revient et, après nous avoir expliqué Balzac, nous parle d’André Cayatte.

Mon film préféré ? Le Miroir à deux faces, d’André Cayatte. C’est une histoire qui me trouble encore aujourd’hui, parce qu’elle parle de cette frontière fragile entre ce que nous sommes… et ce que nous devenons quand le monde commence enfin à nous trouver belles.

L’héroïne, une femme brillante mais jugée “banale”, se transforme grâce à la chirurgie esthétique. Et soudain, les regards changent. Le désir afflue. Les portes s’ouvrent. Elle devient visible, irrésistible… presque dangereuse. Ce que j’adore dans ce film, c’est la manière dont il montre la beauté comme un pouvoir : un pouvoir grisant, addictif, mais aussi inquiétant. Parce que quand on prend conscience de cette force, on ne peut plus revenir en arrière. On joue avec, on s’en amuse, on s’y brûle parfois. Cayatte filme la beauté comme une arme à double tranchant. Ce que l’héroïne gagne en pouvoir social, elle le perd parfois en liberté intérieure. Et ce paradoxe, on le vit encore aujourd’hui. Les filtres, Photoshop, les interventions esthétiques, les “glow up” spectaculaires : tout ça peut ouvrir des portes… mais aussi créer un gouffre entre l’image que l’on projette et celle que l’on ressent vraiment.

Aujourd’hui, les réseaux sociaux sont devenus nos miroirs à deux faces : d’un côté, l’image sublimée, calibrée pour séduire ; de l’autre, la personne que l’on est vraiment, celle qui doute, qui se démaquille, qui vieillit. Et comme dans le film, la tentation est grande de rester du “bon côté” du miroir… quitte à oublier l’autre.

Moi, en bonne playmate, je crois qu’il faut savoir danser entre les deux. Offrir au monde une image qui captive, qui envoûte, qui donne envie… mais garder pour soi quelque chose d’encore plus précieux : le plaisir de se plaire à soi-même, avant tout.