Si la francophonie est souvent célébrée de l’autre côté de l’Atlantique, on lui colle souvent à tort une étiquette québécoise. Or, un grand nombre de territoires du Canada sont également francophones, mais le pratiquent d’une façon totalement différente. Parmi les artistes emblématiques de ce style, il y a Mario, alias “Ponteix”. Un chanteur et compositeur venu tout droit de la Saskatchewan. Ponteix, c’est une balade onirique dans la francophonie, inspirée par un ailleurs qui est pourtant bien situé sur terre. L’artiste vient de sortir un nouveau titre qui illustre parfaitement son œuvre. Petite interview pour en savoir plus sur cet artiste de l’autre francophonie.

Contrairement à ce qu’on peut croire en France, il n’y a pas que le Québec qui est francophone. Est-ce difficile de défendre cette particularité au milieu de l’anglophonie ?

En fait, je pense qu’à la fois dans les milieux majoritairement francophones et anglophones, il est souvent méconnu que le français existe partout à l’extérieur du Québec, surtout du point de vue historique. Pour ma part, et pour beaucoup dans ma région, mon héritage s’est installé il y a plus de 100 ans ici en Saskatchewan, en provenance de la France et du Québec. Depuis lors, une nouvelle branche de la francophonie s’est établie et se développe avec son propre patois et des tendances propres à la fransaskoisie.

Que ressens-tu viscéralement pour la langue française quand tu l’utilises dans tes chansons ?

C’est la langue qui me permet de m’exprimer pleinement, de donner vie à des images et des sons à travers les mots. Plus que jamais, je réalise l’importance qu’elle apporte à mes chansons. Plus je m’y plonge, plus j’ai envie d’approfondir ma compréhension de celle-ci.


Chanter en anglais a-t-il déjà été une option ?

J’ai toujours chanté dans les deux langues, ma réalité a toujours été bilingue. C’est vrai que dans mon petit patelin, je pouvais pleinement parler en français, mais dès que je quittais ma petite région, ma vie se transformait en une vie anglophone. J’emporte donc cette dualité linguistique partout avec moi, et elle s’est installée dans mes albums précédents. En m’installant à Montréal, j’ai voulu faire un disque entièrement francophone. Malgré cela, j’ai tout de même glissé quelques paroles anglaises à travers le disque, ce qui reflète aussi mon langage quotidien – il y a des choses qui s’expriment mieux en anglais.

Peux-tu nous parler de ta région et nous dire ce qu’elle t’inspire, de son impact sur ta musique ?

Ma province natale, la Saskatchewan, est reconnue pour ses grands espaces, ses horizons à perte de vue, son ciel grandiose parsemé de couleurs indescriptibles le jour et de milliers d’étoiles avec des aurores boréales occasionnelles le soir. Mon village natal est un petit hameau nommé St. Denis qui compte 150 habitants. Cet endroit m’a toujours influencé, car j’y ai toujours pu rêver grand, prendre mon temps et créer à mon aise. Mon dernier disque, *Bastion*, est un hommage à ma province, à l’histoire de mes ancêtres qui s’y sont installés et à ce village – un hommage à la source de tous mes bastions.

Penses-tu avoir une francophonie différente ?

Après 100 ans d’évolution, ma francophonie a progressé de manière unique et a développé sa propre personnalité grâce aux influences de son environnement. Elle a été influencée par la culture autochtone, anglophone, française, belge et québécoise, ce qui l’a rendue unique en son genre. Nous ne sommes pas nombreux à parler comme nous le faisons, mais je me sens également connecté à toutes les autres francophonies car je vois un peu de la mienne à travers toutes ces différentes expressions.

Donne-nous quelques raisons d’aller découvrir la Saskatchewan.

La Saskatchewan est l’une des provinces les plus sous-estimées du Canada. J’aime penser que l’on entend ses grands espaces à travers ma musique. Rien que de contempler un horizon à perte de vue, un ciel d’une beauté indescriptible, et un mode de vie plus simple, cela vaut le détour.