« Ils sont filmés, ils sont au montage, au remontage. J’y passe mon temps, depuis toutes ces années. Je n’ai fait pratiquement que ça : monter, remonter, essayer… J’espère bientôt la fin de Mektoub. » C’est ainsi que s’exprimait Abdellatif Kechiche fin 2022 au sujet de son « grand oeuvre ». Depuis, pas de nouvelles… Le réalisateur aurait tourné une série à Sète pendant l’été 2023. À ce sujet, pas grand chose n’a fuité non plus. On aimerait bien découvrir la suite des aventures d’Amin, Ophélie, Charlotte et toute la petite bande de Mektoub quand même ; et pas seulement pour la « fameuse » scène du cunnilingus, dont le retentissement n’aurait jamais dû dépasser le stade de tempête dans un verre d’eau, mais voilà, on était en plein raz de marée #metoo pendant ce Cannes 2019, et c’est l’Art, éternel grand perdant, qui a bu le tasse. « Le caractère très misogyne du film », « Hautement pornographique », « Des femmes réduites à leur corps et à leurs « parties »… » Et donc ? C’est la dernière frontière ! Pourquoi n’y aurait-il pas de porno dans un film grand public ? Au contraire, c’est une excellente idée. Sans ça, comment faire pour représenter l’intégralité du réel ? A-t-on seulement pris la pleine mesure du chef-d’œuvre de mise en scène, de psychologie, sur l’amour et la séduction, de finesse d’écriture (rien n’est improvisé, évidemment) qu’est ce miracle tourbillonnaire de Canto Uno ? La cruauté des rapports amoureux s’y déploie, sous le soleil exactement, à la plage, au bar, en boîte, partout. Forcément, l’action se déroule dans les années 90, comme vous le savez, c’est-à-dire avant les réseaux sociaux, avant le transfert de la vie dans des petites cases instagrammables, avant le monde d’après. Ici, tout est ouvert, possible, exalté, vivant. On en veut encore ! On espère donc pouvoir découvrir un jour les trois volets manquants de cette tétralogie poétique : Intermezzo, Canto Due et Canto Tre. En attendant, n’oubliez jamais le cul d’Ophélie Bau !