David Simon, l’ancien journaliste du Baltimore Sun, n’est pas uniquement la tête chauve pensante aux manettes de la mythique série The Wire, qui dépeignait avec des pinceaux trempés dans les tâches d’huile pleines de seringues usagées tout le quotidien des artères de la ville de Baltimore : la loi et ses flics pourris, la rue et ses dealers, les dockers et leur trafic de containers, la politique et ses pots de vin… Depuis, on lui doit également Treme, sur le jazz et les tensions raciales dans une Nouvelle-Orléans post-Katrina ou bien We own this city, sorte de spin-off de The Wire, sur les violences policières à Baltimore toujours, mais quinze ans plus tard. Inspirée de faits réels, les flics y cassent du Noir, pour changer.
En 2017, Simon a également mis à contribution son collaborateur historique, le romancier George Pelecanos, pour écrire une fable sur la légalisation de l’industrie pornographique aux États-Unis, sur fond de prostitution et d’épidémie de drogue dans le New York des années 70. Dans les trois saisons de The Deuce commandées par HBO, double-dose de James Franco au menu. Le roi du DM sur Instagram – il est connu pour y draguer des mineures – joue ici le(s) rôle(s) de jumeaux à moustaches. Vincent tient un bar pendant que Frankie s’endette auprès de la mafia… Autour d’eux, toute une galerie de putes, de macs, de flics et d’huiles, comme on les appelle dans les films de gangsters, s’agitent et tentent de survivre dans le décor que Tarantino n’a pas su recréer dans Once upon a time… in Hollywood. Lori débarque du Minnesota pour faire le trottoir, Candy suce un client qui lui claque des doigts, Abby abandonne la fac pour devenir barmaid, Larry le proxénète se reconvertit dans le porno… C’est un peu de l’univers Playboy qu’on retrouve dans ce petit bijou, sans le strass et les paillettes. Un régal !